Matière à tableau
Galerie McClure
10 mai au 11 juin 2019
L’exploration des rapports entre la peinture et le textile apparait en filigrane dans ma recherche depuis la fin des années 90. Les signes, les gestes, les compositions que je choisis de conjuguer et d’étendre à la surface du tableau cherchent toujours à rendre tangible la question du support pictural. Le travail installatif des dernières années a été le vecteur de cette réflexion[1].
Les œuvres présentées à la Galerie McClure ont pour modèle la toile elle-même telle qu’elle se manifeste lorsqu’elle est suspendue. Des carrés de toile colorée, réunis par un jeu de recouvrement, construisent ces tableaux dont la composition n’est pas sans rappeler une certaine peinture abstraite. Les assemblages reprennent le dispositif d’accrochage que j’ai utilisé pour les installations picturales antérieures : superpositions et accumulations de fragments de toile couverts de motifs. Ici, cependant, chaque morceau imbibé de pigment est uniforme et fait figure de grand coup de pinceau. On peut voir dans le jeu de ces aplats de couleurs, qui se juxtaposent et s’additionnent, une allusion à la technique de l’empâtement avec ses effets d’épaisseur. Ainsi traités, ces fragments de coton monochromes deviennent à la fois support et médium.
Montés sur châssis de façon plus conventionnelle, d’autres tableaux reprennent avec différents moyens picturaux le même propos : la toile flottante et libre, représentée par le rectangle de sa surface, seul ou regroupé en damier.
Avec les œuvres de Matière à tableau
j’affirme la peinture en tant qu’objet et sujet de ma pratique, comme fin en
soi. En un mot, la peinture est mon
support.
[1] Dans le ventre de la baleine (2010), La bonne aventure (2011) et Vœux (2016)
À propos de ce projet. About this project
Matière à tableau, english
Traduction : Maxine Cuttler
La peinture dans son contexte historique,
Nicolas Mavrikakis, Le Devoir